Quand la folie l'emporte [Nocturne x Manîthil]

Les jours passent sans que ne se passe. Elle avance, sans réel but, elle marche, à la recherche du savoir. Elle écoute, le chant de la folie qui s'agrippe à elle et elle subit, la douleur qui la lance dans les muscles. Ah quelle douleur, quelle torture, pourquoi, pourquoi faut-il que cela lui prenne maintenant, alors qu'elle est loin de sa pseudo tanière ? Pourquoi faut-il qu'elle se retrouve là, comme paralysé, perdu au milieu des ruines, là où les chiens désormais errants guettent mais, que guettent-ils ? Mieux vaut ne pas le savoir, mieux vaut les ignorer … Et elle reste là, échoué au beau milieu de ruine, un peu à l'écart des regards, couché sur le flanc, la langue pendante. Elle est si fatigué … Mais pourquoi est-elle fatigué ? Car elle s'est battu avec ses hallucinations, parce qu'elle a fuit un cauchemar éveillé, puis elle est tombé lorsque ses muscles ont commencé à se réveiller pour lui rappeler cette vive douleur qui l'habite constamment désormais et elle s'est effondré. Oh elle n'est pas resté sur place, non, elle a rampé, rampé pour se mettre à l'abri, là où elle ne risquerait rien, du moins, elle l'espère …

Et elle souffre, en silence, priant les Anciens pour abréger cette torture, lui permettre de se relever et retourner se terrer dans sa pseudo tanière où elle pourra soigner la blessure qu'elle s'est faite à la patte en tombant. Ce que le sort peut s'acharner sur elle, elle pauvre âme perdu, elle, le Châtiment Immortel, celle qui sert de punition à une Chamane qui s'est laissé amadoué par un elle. Elle qui a fait la même erreur par la suite, suivant le chemin de sa mère, répétant l'erreur, une fois encore et, désormais punis.

Que les mâles soient maudit ! Tout n'est-il pas de leur faute ? Si, c'est le cas. Si, si ils ne tentaient pas de pervertir les Chamanes alors, rien de tout cela ne serait arrivé. Pourtant, ne savent-ils pas que les Chamanes n'ont pas le droit d'avoir la moindre relation ? Ne savent-ils pas la punition que peut recevoir une Chamane ? Non, évidemment que non, ils s'en fichent. Pourquoi les Anciens ne rendent-ils pas infertile les Chamans dès leur naissance ? Pourquoi les femelles doivent-elles subir les chaleurs et les pitreries des mâles pour les séduire ? Stupidité … Elle est stupide et elle s'est faite avoir, c'est tout ce qu'il y a à retenir …

La dame blanche gronde, gronde après son idiotie, gronde car les Anciens lui en veulent et qu'elle ne parvient pas à se racheter. Et maintenant ? Maintenant elle n'a plus qu'à attendre, jusqu'à ce que ses muscles décident de lui laisser un temps de répit ...

Ah, ce qu'elle peut avoir mal. Ah, ce que cette situation la rend malade. Ah, ce que le temps semble passer lentement lorsqu'on est là, couché, abattu sur le sol, le corps refusant de répondre. C'est ainsi, elle n'y peut rien, tel est sa punition, tel est son destin, elle, le Châtiment Immortel, la louve qui n'aurait jamais dû voir le jour, celle qui est le fruit d'une union interdite, celle qui a pêché à son tour, elle, pourtant serviteur des Anciens, elle qui pourtant, se retrouve là, misérable, abandonné. Elle garda la tête posé sur le sol dur, seule, toujours aussi seule, jusqu'à ce qu'une odeur parvienne à son museau.

Qui est-ce ? Qui est donc cet être ? A qui appartient cette odeur infâme ? Un loup, un mâle, il est là, il l'observe, elle le sait, elle le sent, qu'attend t-il, que fait-il ? Et elle tente de se redresser, serrant ses mâchoires, misérablement, elle tremble sur ses pattes aux muscles si douloureux. Là, les maux de crâne reviennent, la tête lui tourne, elle ferme les yeux, cherche à se ressaisir. Non, ne laisse pas la folie gagner, non, reprend toi et ouvre les yeux.

Ses yeux argenté s'ouvrirent de nouveau mais, elle ne tient pas et, se laisse retomber, épuisé. Ah, vil douleur, quand cesseras-tu de l'importuner ? Elle laisse filer un grondement méprisant. Pourquoi n'est-elle pas morte ? Pourquoi la mort ne l'a-t-elle pas amené, ce funeste jour qu'est celui de l'apocalypse ? Pourquoi avoir seulement laisser ce gaz l'enlacer, consumer son être et la rendre encore plus misérable, encore plus infecte qu'elle ne l'est déjà ? Redresses toi … Redresses toi ! Elle tente de nouveau de se relever mais, elle abandonne, plus tard peut-être …

Et elle resta seule, dans sa douleur, attendant que cesse son calvaire ...