Run away [Aërith x Kaös]

Le crépuscule recouvrait de sa lumière dorée les troncs qui l'entouraient. Contrairement à ce qu'il s'attendait suite au bordel que prenait plaisir à semer les bipèdes, la végétation ne s'était pas refermée sur elle-même. Sur ces plateaux, elle demeurait luxuriante et son ouïe développée pouvait sans aucun problème capter des bruissements d'ailes des oiseaux aux soupirs du vent.
La pensée de se mettre à chasser traversa un instant l'esprit du solitaire, avant qu'une odeur ne le rappelle à l'autre. Ca puait la meute à pleine truffe par ici. Et pour l'instant, il n'avait pas franchement envie de s'attirer des ennuis. Plus tard peut-être, lorsqu'il serait tranquillement installé mais pour l'instant, Kaös allait se retenir.

L'oreille attentive, toujours sur ses gardes comme à son habitude, le brun avançait dans le bois, masquant sa présence en glissant sur la mousse, retenant sa respiration et abaissant les épaules. Un instant il sentit un vertige le prendre et il se stoppa. S'appuyant de l'épaule contre un tronc illuminé par le coucher de soleil, Kaös lâcha un grognement: la lumière si vive venait frapper transversalement son orbe grisâtre, lui arrachant des flashs douloureux. Son muscle se remit en route et il se redressa, avançant de quelques pas avant de s'arrêter, ses oreilles triangulaires pointées vers l'avant. A quelques mètres de lui, le Léviathan pouvait apercevoir sans mal la silhouette élancée d'une louve au pelage neige. Avec son œil qui faisait des siennes, le brun n'était pas encore capable de deviner si elle avait ou non déceler sa présence.

Dans le doute, il s'avança, restant relativement calme. Le solitaire s'arrêta à quelques pas seulement de la femelle et s'assit à côté d'un arbre, une forme de curiosité pointant dans son regard. Il laissa échapper une sorte de son à la frontière entre la toux et le grognement afin de finir signaler sa présence.
Son oeil tiqua, alors qu'il se concentrait sur la louve qui se retournait vers lui.

- Tu fais parti de la meute qui a laissé son odeur sur les arbres?

Si elle s'attendait à de la politesse, l'immaculée risquait d'être déçue. Kaös n'avait pas envie de tourner autour du pot. Et s'il lui faisait peur, tant pis. Il n'aura qu'à se barrer dans l'autre sens.

- Bon-- bonjour... Oui, je... j'en fais partie...

La demoiselle s'était retournée avec une lenteur... timide. Elle arborait un regard timidement clair dans lequel Kaös hésita à se plonger. Il émanait d'elle une aura enfantine, d'une timidité claire et d'une rare naïveté. Sarcasme du Léviathan faisait tâche dans le paysage qu'elle entretenait avec grâce. Mais c'était ainsi. Et si n'importe qui aurait pu s'incliner devant le calme de la demoiselle pour ensuite la laisser en paix, le solitaire ne voyait pas ça du même angle. Après tout, plus une chose est pure, plus il est jouissif de la pervertir... c'est ainsi que Kaös voyait le monde et cela n'était pas forcément une bonne nouvelle pour l'immaculée.

- Veuillez m'excuser, mais... vous êtes sur les terres de... mes terres, et puis, je me dois de... vous demander de partir...

Le noireau fit fi de cette "pseudo-menace". Oui, car rien ne lui paraissait moins dangereux que ce que la louve venait d'énoncer. Elle tremblait de tous ses membres, sa tête baissée et son regard fuyant trahissait sa peur. En fait, elle puait littéralement la terreur. Cette odeur l'excitait intérieurement. Mais il n'avait pas forcément l'intention de se trahir aussi rapidement que la belle.

- Hum? Et si je n'veux pas?

Sa voix habituellement sèche commençait à se teinter d'un miel velouté. D'un pas lent et fluide, l'imposant gabari entreprit de contourner la fluette silhouette, laissant ses pas tracer des cercles autour d'elle. Son regard vairon glissa sur chaque forme, le bout de la queue, la longueur des pattes, le regard terrifié, les oreilles basses et tout ça d'une seule et unique couleur: blanche comme il était noir, elle lui semblait parfaite en tout point. Pour être utilisée.

La demoiselle au pelage blanc tremblait totalement. Hum, Kaös se savait impressionnant mais il ne détestait pas qu'on lui résiste un temps soit bien. Et là, la louve semblait sur le point de défaillir alors qu'il n'avait même pas tenté de paraître menaçant. C'était pour le moins... pathétique.
D'un coup, la blanche se laissa couler au sol, cachant son museau de ses pattes tremblantes, effrayée.

Sarcasme du Léviathan s'arrêta, s'assit en face d'elle et la regarda. Hum, joli spécimen, un peu frêle mais mignon. Il lécha sa patte avant, grattant rapidement son oreille avant de revenir vers le demoiselle. Sa queue frôla sa croupe alors qu'il revenait juste devant son nez, sa respiration calme et chaude venant se mêler au souffle erratique de la jeune louve.

- Je te fais peur? Sa voix caverneuse paraissait plus douce à cet instant. Mais ses crocs claquèrent près de son oreille, alors que sa langue venait en laper une délicatement. - Tu as raison.

D'avoir peur de lui, oui. Il aimait faire souffrir, c'était son passe-temps. Pervertir la plus pure des petites choses... mais la demoiselle si blanche, si calme ne lui donnait pas envie de la teinter de rouge carmin pour le moment. Il se contenta de mordiller son oreille avant de se coucher devant elle.

- Ne t'inquiète pas, j'te ferais pas de mal pour l'instant.

Il écarta ses pattes du museau, plongeant son regard vairon dans celui appeuré de la louve alors que sa langue venait laper son museau, petite tâche noire dans toute cette pureté.

- Parle moi de toi.

"Distrais moi". Cela revenait au même.

Kaös avait toujours été un loup à l'humeur lunatique et c'était en train de se répercuter sur ses actions actuelles. En effet, si la petite immaculée l'amusait follement, son obstination dans le silence commençait à l'ennuyer, à l'agacer. A lui donner envie de la cogner.

- Je... Je n'ai rien à dire...

Un air ennuyé se peignit d'un coup sur le museau de l'imposant solitaire à la fourrure sombre. Il pencha la tête, attentif, la fixant longuement sans un mot. C'était comme s'il essayait de lui faire passer un message par la pensée, ou simplement par son air qui s'assombrissait dangereusement de seconde en seconde. Il avança l'encolure, claquant des crocs juste devant sa truffe alors que sa voix grave se transformait en grondement inquiétant.

- Amuse moi ou tu saigneras.

C'était un simple avertissement mais l'atmosphère lui sembla d'un coup beaucoup plus lourde, plus tendue. Ses pattes se crispèrent sur celle de la demoiselle, y enfonçant ses griffes en un appui douloureux alors que sa langue glissait sur son museau.

- Ne m'oblige pas à m'répéter. Ton nom et tout c'qui va avec.

Ca se voyait à son regard qu'il était sérieux. Pour le moment, ne pas être sur son territoire ne l'inquiétait pas outre mesure. Parce qu'il lui manquait un gêne de survie ou juste que Sarcasme du Leviathan était beaucoup trop orgueilleux? Les péchés capitaux, il les comptait quasiment tous, enfermés dans un corps massif.
Ses crocs claquèrent de nouveau alors qu'il plantait son regard dans le sien, ne lui laissant aucune échappatoire. Intérieurement, un décompte s'était lancé. Et à l'instant même où il atteindra le chiffre nul, le prédateur n'hésitera pas.