Gloomy place [Kaös x Pan]

Δ 13A + 8D + 7V.
Fin février 062.

« Oui oui maman, t'en fais pas ! »

Ce sont les mots que Pan a adressés à sa mère avant de s'éloigner du centre du camp improvisé. Voilà quelques jours que les Mirandëls ont été décimés par l'arrivée des Bipèdes, et c'est ici qu'ils ont décidé de provisoirement s'installer en attendant de pouvoir se déplacer Pan-ne-sait-où. Enfin, ils, c'est beaucoup dire ; l'Hérétique ne se rappelle pas avoir été receveur de quelconque demande de son avis. Lui, il pense qu'ils ont tort. Il pourrait aider, donner son point de vue, seulement personne n'écoute un adolescent. Ce n'est pas grave, finalement l'argenté n'en a que faire. S'il y a bien quelque chose qui le qualifie, c'est l'indifférence qu'il donne à toute chose. Appart celui de sa mère, le sort de tous ne lui importe guère. Alors, s'ils ne veulent pas lui demander ce qu'il en pense, c'est leur problème.

Pan explore donc les alentours de la forêt, curieux. Il a bifurqué à droite à un moment donné, et désormais il se trouve dans un cimetière sombre, et ce même malgré la lumière de midi filtrée par la densité forestière. Il pose ses yeux d'or sur les alentours, et se contente de hausser les épaules : même de ce décor lugubre, il s'en fout. Il n'a pas peur, pas de cela, même s'il pense qu'il n'est effrayé de rien d'existant. Ne l'est-il pas simplement à l'idée de voir Zrael blessée ?

Alors qu'il avance en se penchant sur ces pierres dont il ne connaît pas l'utilité, il remarque un gros insecte qui grouille sur le côté du roc. Son ventre gargouille, et le fait qu'ils aient été délogés ne les aide pas à correctement se nourrir ; va-t-il se réduire à manger un insecte ? Pan regarde autour de lui, souhaitant préserver sa fierté, et se penche sur la grosse bête pour la mordre et l'achever. Il retire les pattes et mange le tronc du corps, avalant silencieusement. Il se contente ensuite de marcher vers l'une des pierres tombales et se coucher dos à elle, profitant du rayon de soleil ayant réussi à percer la densité des arbres, étalé dans la neige. À ses côtés, un petit couteau argenté est planté, un peu de biais mais bien visible. Pan décide de le prendre et de le placer sous son ventre pour lorsqu'il s'en irai, sûr que cela pourra être utile.

Δ 13A + 8D + 7V.
Fin février 062.

Alors que Pan se contente de se poser là, appréciant sa solitude et le calme environnant - il ne peut supporter les jacassements de Silence, l'air niais de Silas et l'anatomie faible de Flocon, seul Sirrah passe encore dans cette brochette d'enfants, qui pourtant n'ont, pour la plupart, qu'une lune de moins que lui -, il se redresse légèrement mais brusquement à l'entente d'un crissement dans la neige. Quelqu'un est là. L'Hérétique, qui est né avec l'art de savoir manier les mots aussi bien que la nonchalance - traits pris de son père, chose dont il n'a encore pas la moindre idée - a encore besoin de beaucoup d'entraînement sur le plan combatif, et la gestation de Plume ne l'aide pas. Alors, il se contente de caler son regard d'or dans la direction du son soudain, et attends que l'inconnu se dévoile de lui-même.

« Qui es-tu, dis-moi ? » demande l'intrus d'une voix rauque, débutant une sorte de manège rotatif autour de sa petite personne.

Pan lève les yeux vers le Léviathan. Grand, musculeux, d'un noir de jais, il arbore en ses yeux une expression un peu folle, comme s'il n'avait envie que de s'amuser avec ce petit corps d'enfant, comme s'il était grisé de cette situation où, lui, est dominant. Mais si l'Hérétique est encore jeune et pas totalement mature, il en reste un adolescent très avancé sur son âge caractériellement parlant, de part son indifférence comme son audace, et il voit en ce loup un certain besoin d'acquérir des informations qui ne le regardent en rien. En même temps, l'argenté sent autour de lui une aura de force, de pouvoir, le genre de loups qu'il serait apte à admirer... ou du moins, à respecter.

« Ça dépend de qui le demande. » répond-t-il sur un ton calme, indifférent, plus que d'une voix insolente ou chercheuse de bagarre.

Pan ne prend pas la peine de se lever ; après tout, ce grand loup semble s'amuser à ainsi lui tourner autour comme une proie. S'il était un peu plus sensé, l'Hérétique aurait peur et se mettrait en garde. Mais le fait est, qu'il s'en fout totalement. Si ce loup avait voulu le bouffer, il l'aurait déjà fait. Partant de là, Pan considère qu'il n'a pas grand chose à craindre.

Δ 13A + 8D + 7V.
Fin février 062.

Le loup noir claque des crocs dans le vide, créant une brise fétide arrivant jusqu'à la truffe de l'insolent, ne s'encombrant d'aucune politesse lui imposant de se retenir de grimacer face à cette puanteur. Il plisse le museau, plus par naturel que par quelconque provocation. En effet, l'indifférence et la sincérité de l'adolescent font qu'il ne se gêne de rien face à un semblable, voire même un inconnu, puisque pour lui chaque vérité cachée est un mensonge au même titre que tous les autres. Pas que mentir le révulse, ça non, Pan n'est pas un sain. Il part du principe que chaque loup fait bien ce qu'il veut, que de toute façon, lui, il s'en branle.
Après avoir refermé la gueule, le mâle de jais s'assoit lourdement sur le sol, arrachant un haussement de sourcil de la part de l'argenté. Il aurait fait trembler le sol jusqu'aux Crocs du Nord, vous pensez ? Pan le regarde de haut en bas, constatant que le corps du lourdaud lui cache désormais le soleil. Il n'en dit rien, non pas parce qu'il n'ose pas mais bel et bien parce que, finalement et après réflexion, il s'en fout.

« Qui voudrais-tu que je sois ? » lui demande le mâle avec un intérêt assez malsain.

Qu'est-ce qu'il en sait, Pan, ce qu'il voudrait qu'il soit ? Il s'en fout pas mal, de ce qu'il voudrait qu'il soit ! Calant son regard d'or sur les traits durs du noiraud, il hausse nonchalamment les épaules face à ce mâle inconnu. Il n'a rien à prouver, de toute façon.

« J'sais pas. Une grive ? J'commence à avoir la dalle sévère. » dit-il en jouant parfaitement le visage neutre, ironisant.

Joue-t-il, au moins ? Non, Pan s'en branle d'absolument tout. Il serait dommage que ce loup se jette sur lui et lui écarte les os un par un, certes. Mais son talent d'observateur assure presque totalement à l'Hérétique que le lupin est loin d'être susceptible, et qu'il aime peut-être même bien qu'on lui résiste.

Δ 13A + 8D + 7V.
Fin février 062.

Du coin de l'œil, Pan continue de jauger son interlocuteur. Il vient de provoquer un grand loup musculeux, qui pourrait lui faire six fois la peau. Mais à l'intérieur, il pense pouvoir se défendre soigneusement. Non, il le battra pas, il est pas assez con pour le penser et ne serait-ce que pour l'espérer. Il est même plutôt intelligent l'Hérétique, ou surtout très rusé. Il est parfaitement au courant qu'il est petit de taille et très rachitique et que même si ça s'améliorera un peu avec l'âge c'est un problème qui ne se réglera jamais vraiment. Alors il en jouera : il apprendra à être rapide.
D'un seul coup, le Léviathan se met à rire. Non, à s'étrangler de rire. Tout d'abord, cela fait hausser un sourcil désabusé au mâle qui pense que le loup de jais est tout bonnement en train de se moquer ouvertement et simplement de sa petite personne. S'il y a une chose dont Pan a quelque chose à foutre, c'est bien le fait qu'on le pense plus immature qu'il ne l'est réellement, qu'on le prenne pour un bébé. Il apprendra à contrôler son orgueil pour sembler paraître totalement stupide afin d'arriver à ses fins, mais actuellement il a encore un peu de mal à cacher le fait d'être heurté, au niveau de sa fierté personnelle.

« T'marrant gamin. Mais t'as pas tort, j'la dalle aussi. » finit-il simplement en se calmant enfin.

Le "gamin" a du mal à passer, mais c'est ainsi et Pan ne peut rien y faire, alors il laisse couler. Il roule simplement des yeux pour lui-même, un peu à la "on va laisser tomber hein" et regarde le lupin s'éloigner de sa personne pour chercher un éventuel rongeur, quelque chose à se mettre sous le croc.
Le fait est que Pan a déjà mangé avant de venir ici, contrairement à ce qu'il a pu dire avec insolence au mastodonte. Alors il se contente de le regarder faire, se recouchant au soleil sans piper mot. L'adolescent n'est pas un grand bavard. Comment l'être lorsqu'on n'a que faire de toutes les personnes qui lui adressent la parole ?