Night terror [Kaös x Ulysse]

Aujourd'hui, ou plutôt depuis hier, le solitaire était d'humeur...joueur. Ce qui n'était pas franchement bon signe vu son foutu caractère. Mais qu'est-ce que vous voulez après tout? Il était ainsi. Et malheureusement, il s'ennuyait à mourir. Le brun avait déjà ce matin, joué avec une pauvre musaraigne attrapée au hasard, s'amusant de ses cris de douleur sans bien sur vouloir achever ses souffrances. Lassé, il l'avait abandonné sur le bord d'un chemin sans chercher plus loin. Et il avait repris son exploration des plaines qui lui paraissaient... interminables. C'était le mot.

Sa langue passa sur son museau, alors qu'une odeur le fit légèrement se tendre. Une odeur encore inconnue, mais qui n'allait pas tarder à se dévoiler à son regard bicolores. Se dissimulant derrière une masse de broussailles en à peu près bon état, le prédateur attendit de voir sa proie s'avancer la première. Il ne mit pas longtemps à reconnaître la silhouette miel, fine bien que étrangement ronde au niveau de l'abdomen.
Montrant les crocs, le Léviathan bondit sur elle, jaillissant de sa cachette, les oreilles pointées en avant. Il se retrouva au-dessus de la chienne, croisant son regard apeuré avec le sien où brillait une lueur malsaine. Finalement, Kaös se décida à ranger ses dents, conservant un air de prédateur, mais néanmoins langoureux.

Dans un claquement de crocs prêt de son museau, l'ombre se redressa. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas croisé la route de la croisée. Glissant rapidement jusqu'à la louvarde, il se mit à tourner autour d'elle, curieux de sa soudaine rondeur, alors qu'une aura malsaine et prédatrice commençait à enfler autour de son anatomie.

- Un clebs a bien voulu t'engrosser finalement?

Les mots coulaient sur sa langue, langoureux et rauque, alors que le solitaire continuait son manège, effleurant la queue de l'autre canidé, claquant ses mâchoires près d'un de ses flancs. Sournoisement. Dangereusement.

- Tu m'as manqué Ulysse...

- Et toi toujours aussi seul.

Le ton lui arracha un son à mi-hauteur entre le ricanement et le grondement. Il aurait pu penser qu'elle s'était raffermi, qu'elle le défiait. Mais Kaös n'était pas dupe. La chienne avait gardé cette apparence menue qui ne pouvait rien contre lui et en plus de ça, elle se retrouvait handicapé par un abdomen beaucoup trop gonflé pour en être à seulement quelques jours de grossesse. Une lueur sournoise passa dans ses yeux vairons si dérangeant pour les non-habitués: il allait pouvoir jouer de ça.

- Tu connais le dicton. Mieux vaut être seul que mal accompagné. Et avec toi, je suis très bien accompagné même.

Sa voix roucoulait sur ces derniers mots, accentuant son amusement. Sarcasme du Léviathan pencha la tête avant de faire un mouvement brusque vers elle, dans le simple but de la surprendre, de la faire reculer. Histoire de s'assurer qu'elle avait toujours peur de lui. Sa réaction déterminerait ce qui allait lui arriver dans les prochaines minutes.

- Pas toi. T'as rien d'autre à foutre? J'pense pas que ma vie sentimentale t'intéresse. Par contre tu ferais mieux de dégager. Parce que le ''clebs'', il est pas loin et c'est pas le même gabarit qu'moi.

Le noireau aurait pu se sentir vexé... en fait non. Cela l'aurait plutôt agacé si la demoiselle avait affirmé le contraire. Il ne faisait pas forcément dans le masochisme, préférant laisser ce loisir à ceux qui s'en prenait à plus fort qu'eux. Sans y réfléchir bien entendu. Quand au compagnon de la belle, nul doute que c'était un de ses soit-disant "cousins éloignés" canidés qui devait également traîner dans les parages. Mais Kaös n'était pas dupe: les rafales de vent portaient jusqu'à lui les odeurs environnantes et ils étaient seuls. Désespéramment seuls.
Sa langue passa sur son museau alors qu'il se rapprochait de la femelle qui tentait de s'éloigner de lui. Ses crocs claquèrent dans un mouvement vers elle, avant qu'il ne revienne à sa place. Il dodelina de la tête, nonchalant avant de laisser son museau se plisser en une expression ironique.

-S'il vient ça fera deux proies de plus dans mon garde-manger...
voir plus? Tu en attends combien dis moi?

Son cerveau tournait lentement, d'une façon aussi suave que la voix qu'il utilisait pour s'adresser à elle. Ulysse était un petit jouet fragile qu'il ne désirait pas briser pour le moment. Mais abîmer oui. Les chiots pourraient être un bon point faible. Il s'approcha rapidement d'elle, son museau glissant presque sous sa gorge avant de murmurer, sourire malsain à l'appui:

- Que je sache si j'attends qu'ils sortent ou non...

- Tu peux encore attendre longtemps. Sérieux qu'est-ce que j't'ai fait ? On est plus des gosses. On pourrait pas juste s'ignorer?

A ses mots, la croisée lévrier tenta de le toucher d'un coup de patte, mouvement qu'il esquiva en se reculant simplement de deux pas. Eh bien, la petite avait pris de l'assurance depuis la dernière fois qu'il l'avait tourmenté. Ses babines s'étirèrent, dévoilant ses crocs aiguisés en un rictus sardonique. Cela l'amusait de voir la jeune chienne se débattre pour essayer de s'en sortir, sauver sa peau et sa progéniture. Mais malheureusement pour elle, Kaös avait quelque chose que n'avait que très rarement les chiens: la soif de sang. L'envie de meurtre. L'amusement devant la souffrance d'autrui.

- Rien. Tu étais au mauvais endroit, au mauvais moment.

Son ton était calme. Sa réplique n'était qu'une mise au point de la réalité: elle n'avait rien de spécial, à part avoir été là quand il avait eu envie de s'amuser. Et maintenant qu'Ulysse était devenue son jouet sur pattes, le Léviathan n'avait pas envie de la laisser filer. C'était trop fatiguant de retrouver des bestioles aussi remuante que la demoiselle.
Un autre coup vola vers son poitrail, lui arrachant une touffe de poils brun qui s’emmêla aux griffes de la chienne, tombant par la suite au sol.

-J'crois savoir pourquoi tu t'en prends à moi en fait. T'es juste qu'un beau parleur, un faux monstre. Un prédateur de pacotille. Ça t'éclate de s'attaquer à plus petit que toi' mais faudrait te voir face à un mâle de ton envergure. Tu te sens super fort à tourmenter une femelle pleine? J'pensais pas qu'on pouvait autant s'auto-convaincre de son courage en faisant ça.

Kaös était un loup à la fierté assez présente, à l'amour-propre important. Mais il n'avait pas besoin que quiconque s'en rende compte, sa propre opinion et celle de sa soeur d'adoption le satisfaisait amplement. Alors en entendant la lévrier grogner ainsi, sa seule réaction fut de laisser un rire sinistre glisser de sa gueule.
Avant qu'il ne saute sur elle, l'attrapant par la peau du cou pour la plaquer durement face contre terre. A aucun moment ses grognements ne vinrent se mêler aux siens, mais son ricanement continua de résonner un long moment avant qu'il ne laisse de nouveau ses paroles filer dans les airs.

- Trop faible pour être un adversaire. Tu n'es qu'un jouet, un simple douceur quand j'm'ennuie.

Sa patte avant se poser sur son abdomen gonfler, laissant les griffes y courir avec une lenteur paralysante alors que son ton ferme et tonnant résonnait dans ses oreilles.

- Tu n'es rien.

Un rien, une poussière sur son chemin, un coup de vent pendant une course. Un grain de sable, un poil mort, une griffe cassée. Elle le resterait à ses yeux, très certainement à jamais.

- Eh bah t'as une vie passionnante pour t'ennuyer ainsi. Cherche pourquoi dans ta petite tête, pauv' c*nnard! Frustré d'la vie.

L'insulte le fit ricaner. C'était amusant de la voir se tortiller ainsi, tentant d'échapper à ses griffes, grognant et jappant comme une enfant qui tentait de faire fuir un lézard. Sous ses airs défensifs, Kaös perçait sa couverture à jour. La  chienne tremblait, sa peur avait certainement réveillé ses chiots qui devaient s'agiter dans son abdomen. Elle puait la peur à des kilomètres et ça l'excitait, ça lui donnait envie de la faire danser encore, toujours plus.
Lorsqu'elle se mit à aboyer furieusement, les oreilles du solitaire se dressèrent. Sa truffe chercha avidement la moindre trace d'un quelconque canidé qui pourraient venir les déranger: pas qu'il avait peur de se faire bouffer ou quoi non, mais il préférait amplement être seul pour torturer son adorable petit jouet.

La demoiselle profita d'ailleurs de son instant d'inattention pour prendre la fuite vers un arbre. Dans un grognement moqueur, le prédateur sauta derrière elle, grognant à cause du coup de patte qui lui griffa la mâchoire. Ses crocs claquèrent près du membre avant qu'il ne saute par dessus une branche, plantant ses crocs dans la queue de la chienne en la tirant en arrière.
Il ne faisait même plus attention aux jappements de la chienne. Ses crocs se refermèrent douloureusement sur son encolure, la plaquant au sol avant de la retourner face à lui. Ses mâchoires enserrèrent la gorge de la jeune chienne, sa patte griffue appuyée sur son ventre où il pouvait sentir les petites formes bouger. Un instant il hésita. Il faillit. Déchirer la jugulaire n'aurait prit d'un quart de seconde. Elle se serrait vider de son liquide vital, alors que le Léviathan se serait amusé à déchiqueter son abdomen, vidant son contenu sur le sol. Un air sadique et délicieusement ronronnant peignit son museau. Elle puait la peur. Mais il voulait la garder encore.

Lorsqu'il sentit qu'elle était plus calme, certainement parce que le moindre mouvement risquait de lui arracher la gorge, le solitaire gronda lentement, d'une voix caverneuse et basse.

- Je ne te tuerai pas aujourd'hui...

Sa langue glissa sur sa truffe pour venir lécher l'oreille de la chienne alors qu'il se retirait gardant sa patte sur son ventre gonflé. Il appuya légèrement avant de se baisser de nouveau vers elle.

- Ils auront un meilleur goût une fois nés.

A ses mots, Kaös se recula définitivement, partant dans le sens inverse en ricanant, laissant la chienne derrière lui. Il se délectait encore de la sensation d'ivresse qu'avait provoqué la peur de la demoiselle.